Parution : La Mort intranquille : autopsie du zombie, Québec, Presses de l'Université Laval, 2019, p. 81-102.
Les savants fous littéraires du XIXe siècle, en travaillant dans l’isolement le plus complet, nous montrent que la science se doit d’être collective pour ne pas créer des monstres. À partir de 1945, la logique s’inverse : l'institution se met au service de l’économie et de la politique, alimentant les craintes de dérapages dans l'imaginaire social : « [I]ndebted to both its mad scientist father and its Black Magic mother, the modern zombie took shape as a critique of science. » (Lauro, 2011)
Depuis Los Alamos, c’est au cœur d'immenses communautés que les savants fous s’enferment dans un déni collectif. Resident Evil (Anderson, 2002) se fonde sur une prémisse récurrente, une épidémie de zombies causée par un virus modifié, mais il va plus loin dans sa critique de la science en se déroulant entièrement dans un laboratoire souterrain : The Hive. Par une mise en image du travail de laboratoire, une architecture de l'isolement et la zombification des chercheurs, Anderson montre une science où ces derniers ne sont qu’une masse anonyme, une science monstrueuse. Dans cette communication, je me pencherai sur la représentation des lieux, puis des figures de scientifiques et de zombies, à travers différents éléments formels et un important réseau interdiscursif (Frankenstein et Alice in Wonderland). [ED]