Parution : Les Voies du fantastique québécois, Québec, CRELIQ, Nuit blanche éditeur, coll. Séminaire n˚ 3, 1990, p. 103-121.
Dans cet essai, François Larocque se penche sur ce qui fait que « le fantastique littéraire est aussi un phénomène discursif ». Il prend comme objet d’analyse « La Mort exquise » de Claude Mathieu dont l’image de la fleur carnivore, archétype de la gueule dévorante, devient ici le pivot de l’imaginaire fantastique. Le discours fantastique de Claude Mathieu s’organise donc autour de cette image. L’hésitation entre l’explication rationelle et l’explication irrationnelle, qui est à la base de la théorie de Todorov, constitue l’un de ces effets discursifs. Quant à l’imaginaire fantastique, il se caractérise, dans la nouvelle de Mathieu, par le foisonnement d’images antithétiques dont le titre lui-même rend compte : la pensée qui s’oppose au sentiment, l’élévation vs l’appel du gouffre, l’agitation vs la plénitude calme du bonheur de l’âme.
Selon Gilbert Durand, cette pensée par antithèse constitue « une des quatre structures schizomorphes caractéristiques du “régime diurne de la représentation” » (images premières de l’effroi chez l’homme) qui trouvent leur correspondance dans le conte fantastique. Les autres structures schizomorphes sont : 1) la perte de contact avec la réalité ; 2) le prolongement logique de cette attitude autistique où l’univers apparaît morcelé ; 3) le géométrisme morbide dont il se dégage deux conséquences : la gigantisation des objets et l’effacement de la notion du temps au profit d’un présent spatialisé. Après en avoir noté les nombreuses manifestations dans le texte grâce à l’étude du comportement du personnage principal, Hermann Klock, l’essayiste aborde finalement l’image centrale de la fleur carnivore et énumère les différents symboles qu’elle recouvre en tant qu’archétype de la gueule dévorante.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1991, Logiques/Le Passeur, p. 197-198.