Parution : Solaris 120, Roberval, 1997, p. 33-37.
Réédition : Stephen King, trente ans de terreur, Beauport, Alire, coll. Essais 001, 1997, p. 39-59.
Se penchant sur l’œuvre de l’écrivain le plus populaire de cette fin de millénaire, Bergeron explique d’entrée de jeu que « la peur, lorsque pratiquée entre adultes consentants, en toute complicité d’auteur et de lecteurs, sera ici considérée comme une forme d’art ». D’abord, il y a l’art de faire peur, ce en quoi Stephen King excelle, mais il y a aussi sa contrepartie, l’art d’avoir peur, qui est celui de jouer le jeu et qui n’est pas donné à tous. Pour King, le lecteur doué est celui qui possède « un troisième œil » qui le rend apte à « croire » les conventions de l’irréel.
Après avoir montré la manière de King lorsqu’il est temps de raconter convenablement une histoire, Bergeron explique l’importance de l’identification du lecteur au héros, du « transfert ». King excelle à ce chapitre puisque ses héros, en général des gens ordinaires placés dans des situations extraordinaires, facilitent ce phénomène d’identification.
Quant aux registres de la peur, King les connaît parfaitement et il « …mise sur ce qu’il appelle les “points de pression phobiques”, les ressorts secrets, viscéraux, mythiques, plus ou moins souterrains, sur lesquels il suffit d’appuyer pour faire naître une réaction de peur ». C’est pourquoi l’auteur sait utiliser autant les peurs diffuses, l’effroyable que la paranoïa, mais aussi les peurs infantiles et les rêves qui se changent en cauchemars, car du rêve à la folie il n’y a souvent qu’un pas, ce que d’ailleurs exploitent abondamment les romans « réalistes » de l’auteur.
Enfin, Bergeron s’interroge sur ce besoin d’avoir peur des gens, tout en laissant King exprimer quelques opinions sur les nombreux bénéfices qu’apportent les histoires de peur à celles et ceux qui les lisent.
Source : Pettigrew, Jean, L'ASFFQ 1997, Alire, p. 205-206.