Essai. Chicoutimi, JCL, 1988, 389 pages. ISBN : 9782920176607
Bertrand Bergeron se propose dans cet essai d’inventorier l’imaginaire légendaire de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean mais cette recherche requiert quelques bases théoriques. Bergeron interroge donc le rapport de l’homme traditionnel au surnaturel car pour l’ethnologue, les légendes sollicitent la prédisposition naturelle de l’homme à croire, attitude sur laquelle est basée l’activité humaine entière. Bergeron relie ensuite cette faculté congénitale de croire en à l’horreur qu’éprouve l’esprit humain pour l’inachevé, ce qui ouvre la porte au surnaturel pour expliquer la faille de la causalité qui bée dans notre univers rationnel. Il divise le surnaturel en deux catégories : le surnaturel conventionnel utilisé dans les contes, dont Todorov a défini les quatre caractéristiques, et le surnaturel réel auquel les gens croient en permanence. Ce surnaturel se subdivise en surnaturel essentiel (qui appartient à Dieu seul et qui ressortit à la seule théologie) et en surnaturel modal dont on peut observer le mode de production ainsi que les effets et qui est l’oeuvre de Dieu, des saints, des anges ou des démons. Évidemment, l’intervention du surnaturel modal peut être bénéfique ou maléfique et celle-ci est déterminée par quatre critères : la durée, l’utilité, le but et la modalité.
Par la suite, le chercheur d’Alma définit les trois catégories de récits oraux: les récits contrôlés dont les mots et l’information appartiennent à la tradition (les proverbes), les récits semi-contrôlés dont l’information appartient à la tradition mais les mots au narrateur (les contes) et les récits libres (les légendes). Pour reconnaître à coup sûr une légende, Bergeron suggère de recourir aux quatre lois générales qu’Arnold Van Gennep a énoncées : la localisation, la personnalisation, la temporation et la convergence des thèmes. L’auteur est maintenant prêt à relever les caractéristiques des nombreuses figures du surnaturel contenues dans le corpus des légendes qu’il répartit en deux grandes familles : les êtres surnaturels (le diable, les lutins, Dieu, Jésus, les défunts...) et les êtres humains (les prêtres, les loups-garous, les quêteux, les voyants, les personnages héroïques...).
Dans la seconde partie de l’ouvrage, l’auteur présente la transcription d’authentiques légendes recueillies auprès d’informateurs de la région.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 187.
Références
- Pouliot, Maurice, Nuit blanche 36, p. 22-23.