Aurélien Boivin, Maurice Émond et Michel Lord
Bibliographie. Bibliographie analytique de la science-fiction et du fantastique québécois (1960-1985), Nuit blanche éditeur, coll. Bibliographie/CRELIQ, 1992, 581 pages. ISBN : 2921053071
Fruit du travail d’une équipe de chercheurs de l’Université Laval ayant pour nom le Groupe de recherche interdisciplinaire sur les littératures fantastiques dansl’imaginaire québécois (GRILFIQ), cette bibliographie répertorie tous les textes fantastiques et de science-fiction publiés par des auteurs québécois entre 1960 et 1985, soit environ 1200 récits longs et brefs. Les textes, qui sont tous suivis d’un résumé, se présentent par ordre alphabétique d’auteurs. Contrairement à la politique de L’Année…, les trois responsables ont choisi d’inclure les textes hybrides qui n’appartiennent ni au fantastique ni à la science-fiction, mais qui comportent « une marque d’étrangeté irréductible à la réalité connue ou à ce qui est conçu comme probable dans le monde de l’auteur ». Au nombre de ces quelque 300 textes qui s’ajoutent au corpus principal figure par exemple Una, un roman de Victor-Lévy Beaulieu.
Mais pour en arriver à une telle compilation et à une telle classification, il faut au préalable délimiter le territoire couvert et établir la typologie de ces genres. C’est ce que font les auteurs dans l’introduction à leur bibliographie alors qu’ils définissent leurs positions théoriques en utilisant le concept-clé de l’étrangeté. Ils ont exclu le merveilleux du corpus parce qu’il n’entretient pas le même rapport au monde externe que la SF et le fantastique. Le merveilleux « n’offre pas de prise à l’étrangeté » et ne donne pas l’illusion référentielle. Par contre, ils considèrent le réalisme magique comme l’une des formes du fantastique moderne car il allie les procédés du merveilleux et ceux du fantastique. « Il y a là instauration d’une problématique de la présence active du magique dans la réalité. » Quant au récit fantastique, l’étrangeté y apparaît d’abord comme improbable, « s’affirme ou s’impose néanmoins comme tout à fait réelle malgré son caractère d’irréalité, et génère de la résistance et un questionnement d’ordre rationnel. La sanction (la chute) vient confirmer la réalité de l’improbable. »
Enfin, la science-fiction, de par sa nature spéculative ou conjecturale, accueille plusieurs figures de l’étrangeté sous la forme du novum. « Au contraire du fantastique, il n’y a pas, en SF, – du moins pas de la même manière, – d’opposition radicale entre deux formes de représentation du monde, l’une possible, l’autre improbable, l’une naturelle, l’autre surnaturelle ou non naturelle, mais il y a plutôt organisation d’un autre monde sur des bases différentes de celles que l’humanité connaît au moment de la publication de l’ouvrage. »
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1992, Alire, p. 215-216.
Références
- Cadot, Richard, Temps Tôt 19, p. 31.
- Cloutier, Georges Henri, Solaris 101, p. 60-62.
- Janelle, Claude, Lettres québécoises 67, p. 33.
- Morin, Lise, imagine… 62, p. 117.