Parution : imagine… 53, Sainte-Foy, 1990, p. 99-108.
L’essayiste constate que le Bildungsroman (roman de formation) classique, très populaire au XVIIIe siècle en Europe, ne survit plus guère que dans la littérature pour adolescents. Cela n’a rien d’étonnant puisque cette forme romanesque « exprime avec acuité le conflit des aspirations individuelles et du fonctionnement social ». Cependant, Claire Le Brun rejette les prétentions de ceux qui considèrent qu’il y aurait un rapport d’exclusion entre le Bildungsroman et la science-fiction parce que « le roman de formation doit reposer sur une analyse de la société de référence de l’adolescent ». Elle en veut pour preuve la production de la SF québécoise pour jeunes au cours de la dernière décennie marquée par deux courants majeurs : la dystopie et l’appel utopique féministe.
Après avoir rappelé les sept principales caractéristiques du Bildungsroman telles que présentées dans l’étude définologique de Marianne Hirsch, Claire Le Brun s’attarde à l’analyse de quatre romans québécois de SF pour jeunes : Hockeyeurs cybernétiques de Denis Côté, Le Rendez-vous du désert de Francine Pelletier, L’Étranger sous la ville d’Esther Rochon et La Cavernale de Marie-Andrée Warnant-Côté. Elle en conclut que ces récits s’inscrivent dans la tradition du Bildungsroman puisqu’ils montrent l’apprentissage du héros (ou de l’héroïne) à travers l’exploration d’une réalité sociopolitique ou une quête de sa propre identité à la faveur d’un voyage initiatique.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1990, Logiques/Le Passeur, p. 211-212.