Frédérick Durand

Parution : imagine… 73, Sainte-Foy, 1996, p. 27-40.

Frédérick Durand se propose de définir le double en étudiant cinq nouvelles parues sur une période de plus de cent ans : « Le Horla » de Guy de Maupassant, « La Métamorphose » de Franz Kafka, « Droits d’auteur » de Robert Bloch, « Automates, société anonyme » de Ray Bradbury et « L’Habitant de l’immeuble d’en face » de Jean-Pierre Andrevon. Pour ce faire, il utilise différents paramètres. Il analyse la façon dont le double se manifeste dans la vie du protagoniste, il spécule sur la raison de son apparition et il décrit ses caractéristiques physiques et psychologiques sans chercher nécessairement un dénominateur commun à cette étape-ci.

Au terme de son analyse, Durand estime que le double, « forme de l’inconscient en littérature », correspond à la définition de Jung qui parle d’« ombre » : « L’ombre est cette personnalité cachée, refoulée, le plus souvent inférieure et chargée de culpabilité. » C’est particulièrement le cas de Samsa, le personnage de Kafka, écrasé par le mépris de son père et qui se métamorphose en cafard. Si le double est toujours du même sexe que les protagonistes dans les cinq nouvelles, il ne présente toutefois pas une image uniforme ou monolithique. Il peut être visible ou invisible, hostile ou ami, identique à soi ou différent. Généralement, le double triomphe du protagoniste qu’il accule à la folie, au suicide ou à l’aliénation. Puisque la psychanalyse révèle qu’on ne peut vivre sans lui, il ne faut pas le nier ou le refouler, mais l’apprivoiser. « Le double n’est pas forcément négatif. Seule une perception fautive de sa nature risque de le rendre dangereux », conclut Durand.

Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1996, Alire, p. 226.