Christiane Melançon

Parution : Revue francophone de Louisiane, vol. III, n˚ 2, Lafayette (Louisiane), 1988, p. 32-45.

Christiane Mélançon analyse le recueil de nouvelles de science-fiction de Jacques Barberi, Kosmokrim, en le mettant en parallèle avec un ouvrage de vulgarisation scientifique de Jean-Pierre Changeux, L’Homme neuro­nal et un essai de Joël de Rosnay, Le Cerveau planétaire. Citations à l’appui, elle montre « à quel point la limite entre la littérarité du discours scientifique et la scientificité du discours de la science-fiction est ténue ». Pour l’essayiste en effet, le recueil de Barberi cultive l’intertextualité des discours littéraire et scientifique car « la métaphore corporelle s’érige en système, faisant des récits autant de lieux d’une incessante genèse de l’objet mental qu’est le corps ». Elle rappelle que le corps, dans la fiction de Bar­beri comme dans le discours scientifique moderne, est perçu comme le lieu d’un savoir, se substituant ainsi à la pensée.

Poursuivant son essai, elle examine la dialectique du dedans et du dehors dans Kosmokrim, valences abolies qui permettent habituellement de distinguer l’être du non-être. Elle étudie ensuite le rapport du corps à l’espace, lequel se traduit par des images d’anéantissement progressif et de mort. En somme, conclut l’essayiste, les personnages-corps de Barberi, en s’inscrivant dans la pensée néo-darwiniste de J. Monod, participent à l’apocalypse neuronale, leur naissance et leur mort étant concomitantes. Et en cela, les récits de Barberi mettraient en pratique la conception du roman élaborée par Kundera car ils réduisent le temps à la seule seconde présente.        

Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 323.