Parution : Littérature québécoise. La recherche en émergence, Québec, Nuit blanche éditeur, 1991, p. 155-165.
Christiane Lahaie s’intéresse ici aux questions d’adaptation du texte fantastique littéraire à l’écran. Elle constate que les recherches sur les structures et les constantes formelles du cinéma fantastique sont rares, les études portant surtout sur les thèmes et les personnages. Cette préférence favorise la connaissance du fantastique canonique, qui accorde la préséance aux personnages surnaturels et aux événements qu’ils engendrent, au détriment du fantastique moderne qui se fonde souvent sur le discours qui le sous-tend. Dans un premier temps, Christiane Lahaie compare le récit littéraire au récit filmique en faisant ressortir leurs caractéristiques propres. Au-delà du fait que le premier dit alors que le second montre, il apparaît que le temps (comprimé à l’écran) et, surtout, la focalisation constituent les deux changements les plus importants que subit un texte quand il est transposé à l’écran. L’essayiste se limite à cet aspect, la focalisation, pour mesurer ce qui sépare le fantastique littéraire du fantastique filmique. « L’œil de la caméra exerce un pouvoir déterminant sur le spectateur, car il a la possibilité de faire passer de l’illusion pour du réel. »
Dans un second temps, Christiane Lahaie met en parallèle un extrait d’un roman fantastique moderne inédit qu’elle a écrit, La Cour intérieure, et le scénario qu’elle a tiré de cet extrait pour illustrer les modifications qui marquent le passage d’un médium à l’autre. Elle démontre que le récit fantastique littéraire « ne peut passer à l’écran que par une refocalisation d’ensemble ». De plus, là où celui-ci doit s’en remettre à une continuité d’énonciation (c’est-à-dire soutenir un discours simple), le récit filmique tient un discours multiple et simultané en intégrant la description du décor et les indications de la mise en scène au récit sous forme d’images, sans compter l’apport riche de significations de la bande sonore et du montage.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1991, Logiques/Le Passeur, p. 196.