Parution : Québec français 116, Sainte-Foy, 2000, p. 72-75.
Bertrand Bergeron a donné le cours « Le conte, la légende, la chanson folklorique au Québec » avant que celui-ci ne disparaisse avec la réforme de l’enseignement collégial. Il explique comment il en est venu à proposer le terme « orature » à la place de « littérature orale », le mot « littérature » renvoyant étymologiquement à écriture, alors que l’orature « s’intéresserait à tout ce qui concerne la transmission orale ». Le cours l’a aussi amené à distinguer le conte de la légende. Celle-ci « se présente comme un récit bref, narré sans volonté esthétique revendiquée, au contenu existentiel prononcé [...] se moulant à l’évolution psychosociale des individus et des collectivités ». Le conte, en revanche, serait « le fait d’artistes populaires qui forment une sorte d’élite parmi les narrateurs traditionnels » et vise à extirper les auditeurs de leur quotidien.
Ce distinguo incite Bergeron à affirmer que tous les écrivains du XIXe siècle, à l’exception de Paul Stevens, ont écrit des légendes alors qu’ils se flattaient d’écrire des contes, genre aristocratique de la tradition orale. Dans la dernière partie de son étude, l’auteur se demande si l’orature parvenue jusqu’à nous véhicule une authentique culture populaire et conclut qu’elle a été amputée d’une partie de son âme puisqu’elle a été conçue et répandue par une élite savante, principalement religieuse après la révolte des Patriotes.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 2000, Alire, p. 201-202.