Parution : Bulletin du Groupe de recherche L'Indien imaginaire 2, Montréal, UQAM, 1987, p. 62-80.
Sylvie Vincent examine le rôle des autochtones dans le roman de Jean-Pierre April, Le Nord électrique. Les groupes représentés sont les Inuit, les Naskapis et les Métis. L’auteure de l’étude présente les personnages autochtones du récit et relève les traits physiques qu’en donne April. Elle scrute ensuite la psychologie des Métis et affirme que « l’attachement à leur culture et l’insécurité à laquelle les soumet leur double appartenance » les dotent d’une capacité de volte-face dont tire avantage la dynamique du récit. Cette opposition entre le dedans et le dehors en recouvre d’autres : culture/nature, identité autochtone/façade blanche, colère/soumission du monde des hommes/des esprits.
Après avoir analysé l’organisation sociale et politique de ces sociétés autochtones et les moyens (chamanisme, haute technologie blanche) qu’utilisent leurs représentants pour tenter de protéger l’intégrité de leur territoire face à l’agression de la civilisation des Blancs, Sylvie Vincent est en mesure de dégager la représentation des autochtones véhiculée par le roman d’April.
Elle estime qu’il participe à l’imaginaire québécois contenu dans les romans contemporains en substituant l’image du « bon Sauvage » par celle de l’autochtone écologique et en remplaçant l’image du « mauvais Sauvage » par celle de l’autochtone revendicateur. Elle prend soin d’ajouter qu’elle sent chez April une « volonté de transmettre une image positive des Inuit et des Naskapis » puisque celui-ci « souhaite voir les autochtones maintenir une culture authentique et dynamique ». Elle formule, pour terminer, une mise en garde. Ce récit, qui va jusqu’à prendre parfois la forme d’un discours didactique, ne doit cependant pas être reçu comme un document ethnographique car l’auteur se permet sciemment certaines distorsions dans la description des rites amérindiens.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 213.