Parution : Une lecture d'Anne Hébert, Montréal, Hurtubise HMH, 1977, p. 167-175.
Denis Bouchard considère qu’il s’opère un renversement audacieux de l’imaginaire chez Anne Hébert dans Les Enfants du sabbat comme si le sérieux qui marque son œuvre depuis ses débuts « menait naturellement à l’éclosion subite du gros rire ». Il voit dans les deux lieux principaux du roman, le couvent et la cabane, la représentation de la dualité sérieux/rire qui risque de désarçonner le lecteur. Ce qui se passe au couvent en ville est plus horrifiant que ce qui se passe dans la cabane au cœur de la forêt. « La cabane est diaboliquement joyeuse et interdite. Le couvent est sérieusement diabolique et plein d’interdictions. » Selon l’essayiste, le roman fait le procès drolatique du Québec en abordant le poids de la culpabilité qui détermine en partie la condition des Québécois. Le comique s’exprime en outre par la façon de décrire les personnages et de traiter les morts. Denis Bouchard, en conclusion, affirme que c’est la marque d’un très grand écrivain d’être ainsi capable de distanciation pour « reconstruire graduellement l’image de soi ».
Source : Janelle, Claude, Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, 2021, p. 427-428.