Parution : Québec français 64, Sainte-Foy, 1986, p. 31-35.
Estimant que l’œuvre de Daniel Sernine constitue « un ensemble indissociable au plan de l’imaginaire », Michel Lord aborde tous les aspects de la production du prolifique auteur : textes fantastiques et de SF, pour jeunes et pour adultes. L’essayiste dégage, au terme de son analyse, un point commun chez Sernine entre les deux genres qu’il pratique : « l’exploitation antithétique du thème du pouvoir de la pensée ».
En fantastique, ce pouvoir psychique se tourne contre l’homme alors qu’en SF, il semble le servir davantage. Auparavant, Michel Lord se sera surtout attardé à la production fantastique de Sernine. Dans les textes pour jeunes où le fantastique est discret, il montre comment l’esthétique serninienne répond à la fois aux exigences pédagogiques inhérentes au public visé et « aux contingences esthétiques de la pratique d’un genre canonique » en tranchant souvent en faveur du Bien contre le Mal.
Dans les textes pour adultes, « Sernine joue davantage avec le procédé de l’irrésolution propre au fantastique ». Lord croit d’ailleurs que la notion de paradigme absent développée par Marc Angenot à propos de la SF s’applique tout autant à la représentation fantastique : le détail étranger à notre monde laisse deviner une réalité terrifiante. Aussi, le théoricien formule-t-il l’hypothèse suivante : « Plus on dévoile les clés du paradigme absent en littérature fantastique, plus on glisse vers un certain réalisme merveilleux où le magique agit de manière intégrée, comme dans le discours mythologique ou cosmogonique. »
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 165.