Parution : La Licorne 27, Poitiers, Université de Poitiers, 1993, p. 147-153.
Maurice Émond esquisse un survol de l’évolution du fantastique au Québec depuis la publication du roman de Philippe Aubert de Gaspé, fils, L’Influence d’un livre, en 1837. Aux récits à caractère surnaturel de la seconde moitié du XIXe siècle qui mettent en scène les figures du diable, du loup-garou, du revenant ou du fantôme succèdent les contes merveilleux à la manière d’Eugène Achard au cours de la première moitié du XXe siècle. La première manifestation d’un fantastique moderne apparaît en 1944 dans le recueil d’Yves Thériault, Contes pour un homme seul, qui marque une véritable rupture avec l’idéologie du terroir.
Ce n’est toutefois que pendant les années soixante que s’amorce une période d’effervescence, sous l’impulsion de précurseurs tels que Roch Carrier, Claude Mathieu et Michel Tremblay, qui culmine au cours des deux décennies suivantes. C’est à partir de ce moment, grâce à une infrastructure qui se met en place (revues, collections, congrès, prix, etc.), que la pratique du genre fantastique se répand chez des écrivains qui s’y consacrent à peu près exclusivement et que la production annuelle de textes fantastiques représente parfois de dix à vingt pour cent de la production narrative globale. Émond conclut son article en affirmant que « le récit fantastique contemporain au Québec, loin de se fermer au modernisme de l’écriture, est peut-être le laboratoire privilégié de celui-ci ».
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1993, p. 220.