Parution : Les Voies du fantastique québécois, Québec, CRELIQ, Nuit blanche éditeur, coll. Séminaire n˚ 3, 1990, p. 83-101.
Parce que le fantastique est une littérature de l’incertitude, Christiane Lahaie la croit toute désignée pour susciter une grande variété d’approches. Elle en propose une nouvelle, dans cet essai, par le biais de la comparaison entre deux langages : celui du fantastique littéraire et celui du fantastique filmique. Elle prend pour étude la nouvelle d’André Carpentier, « La Bouquinerie d’Outre-Temps », dont elle a scénarisé trois séquences (présentées en annexe) qui renferment des caractéristiques fantastiques susceptibles de faire voir le travail d’adaptation qu’elles requièrent. Après avoir montré ce qui distingue à prime abord le récit littéraire (qui dit) du cinéma (qui montre), Christiane Lahaie s’attarde au point de vue qui revêt une importance capitale dans l’adaptation de l’écrit au cinéma et plus encore, peut-être, quand il s’agit du fantastique. « Les mots constituent une sorte de barrière entre le narrateur (même autodiégétique) et l’histoire qu’il raconte alors que dans le récit filmique, le narrateur est intégré aux images qu’il présente. » L’essayiste souligne aussi l’importance du montage et de la ponctuation dans le récit filmique. Elle présente quelques-uns de ces procédés narratifs qu’elle utilise dans sa propre adaptation de la nouvelle de Carpentier : le « pouvoir du signe », fréquemment utilisé dans le cinéma fantastique, qui opère par le biais de l’image, du bruitage ou de la musique en suscitant toujours la même association d’idées chez le spectateur, le fondu au noir et le flou artistique.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1991, Logiques/Le Passeur, p. 196-197.