Parution : Les Voies du fantastique québécois, Québec, CRELIQ, Nuit blanche éditeur, coll. Séminaire n˚ 3, 1990, p. 25-41.
La première condition d’existence du fantastique dans un texte, c’est la juxtaposition de deux univers, celui du monde imaginaire et celui du monde « réel », affirme Jean Désy. Il en veut pour preuve la nouvelle de Claude Mathieu, « La Mort exquise ». Mais encore faut-il que ces deux univers soient mis en contact pour que le fantastique surgisse. L’essayiste appelle « zone de rupture » ce point de contact, ce passage de l’univers de la réalité à l’univers du rêve. Il compare cette relativité littéraire qui peut aussi s’exercer entre les personnages de ces univers ou entre le lecteur et le texte lui-même à la relativité physique imaginée par Einstein. La deuxième condition d’existence du fantastique, c’est l’inquiétante étrangeté qui transforme l’art du fantastique en une « métaphysique », une vision des choses de la vie et de la mort. Depuis que les philosophes ont proclamé la mort de Dieu, le cheminement fantastique est devenu un cheminement spirituel, croit Jean Désy, et l’inquiétante étrangeté s’est muée en inquiétante absurdité, ce dont témoigne l’œuvre de Franz Kafka de façon exemplaire.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1991, Logiques/Le Passeur, p. 193.