Yves Meynard et Thierry Vincent
Parution : Solaris 111, Ville-Marie, 1994, p. 43-48.
Dans l’esprit de Meynard et Vincent, c’est la Geste des Princes-Démons, un ensemble de cinq romans, qui constitue l’œuvre maîtresse de Jack Vance plutôt que le cycle de Tschaï, en raison des symboles et des différents niveaux de langage qu’elle recèle. Le tandem fait valoir l’homogénéité de la pentalogie dont la publication s’est échelonnée sur une période de dix-sept ans, avec une pause de douze ans entre le troisième et le quatrième tome, mais aussi l’évolution qu’elle dénote après cette pause. Cela se vérifie dans la structure globale de la pentalogie qui peut être assimilée à l’image du miroir.
À partir du quatrième roman, Le Visage du démon, le rôle du miroir change en raison du fait que le roman est placé sous le signe du double : dédoublement du personnage féminin et du monde imaginaire. Dans le cinquième roman, Le Livre des rêves, le miroir est franchi, ce qui permet au héros Kirth Gersen d’avoir accès à l’univers de la santé et du bonheur grâce au personnage féminin d’Alice Wroke que le duo d’analystes associe à l’Alice de Lewis Carroll en relevant des détails qui passent inaperçus à une première lecture. Mais avant d’en arriver à cette conclusion, Meynard et Vincent présentent le Prince-Démon au centre de chaque roman, son monde secret ou son fantasme et chacune des cinq figures féminines qui permettent à Gersen d’atteindre l’univers secret du Prince-Démon pour le lui dérober. Ils montrent aussi, en se penchant sur la façon dont meurent les cinq Princes-Démons, que la quête de Gersen pour les éliminer de sa main – pour venger le massacre des habitants de sa ville – se solde en partie par un échec puisque deux d’entre eux seulement sont tués directement par lui.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1994, Alire, p. 218-219.