Parution : Solaris 81, Hull, 1988, p. 43-52.
Les auteurs passent en revue les différentes périodes qui ont marqué la littérature de l’horreur depuis le courant « gothique » ou « frénétique » du XVIIIe siècle qui l’a inspirée. Ils rappellent aussi les conditions économiques du marché qui influencent la production actuelle. Pour bien établir la typologie du genre, ils empruntent à Stephen King les trois niveaux identifiables dans la littérature horrifique : 1) la terreur, phénomène purement intellectuel, qui inspire la peur au lecteur et représente le niveau supérieur, le plus raffiné ; 2) l’horrible, qui provoque un frisson plus physique, moins intériorisé ; 3) la révulsion, qui n’hésite pas à provoquer une réaction physique de dégoût.
Reconnaissant que la littérature d’horreur est associée aux auteurs anglo-saxons qui la dominent outrageusement, Pomerleau et Sirois rappellent que les chefs-d’œuvre du fantastique au cours de la première moitié du XXe siècle proviennent de l’Europe francophone (Belgique et France). Ils situent vers 1967 la renaissance de l’horreur anglo-saxonne avec la parution du roman d’Ira Levin, Rosemary’s Baby, en qui ils voient le premier roman d’horreur moderne. Ce roman annonce le courant des enfants maléfiques et la prise de conscience collective par les femmes « de l’esclavage imposé par le déterminisme biologique ».
Définissant le gothique comme « un débordement d’émotions », une extension naturelle du romantisme, Pomerleau et Sirois estiment que ce courant littéraire survit de nos jours dans le roman d’amour de type Harlequin et dans l’horreur. Dans ce dernier cas, l’héritage gothique est perceptible dans l’association sexualité/horreur, dans le traitement des personnages et dans l’utilisation de certains accessoires comme le lieu maudit.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 194-195.