Parution : Littérature québécoise. La recherche en émergence, Québec, Nuit blanche éditeur, 1991, p. 167-175.
Cette communication présentée en 1990 dans le cadre du Deuxième Colloque interuniversitaire des jeunes chercheur-e-s en littérature québécoise constitue en quelque sorte une synthèse de l’argument que Georges Desmeules a développé dans son mémoire de maîtrise. L’auteur démontre en effet la parenté des structures qui servent de composantes au fantastique et à l’humour dans un même texte.
Avant de se livrer à une analyse comparée à partir de la nouvelle de Michel Bélil, « L’Horreurochose », le chercheur propose une définition du fantastique basée sur la théorie d’Irène Bessière : « un affrontement entre un personnage et un événement ou une entité surnaturels ». Quoique partielle et limitative, cette définition a le mérite de faire du personnage le témoin privilégié à travers les réactions duquel se manifestent l’humour et le fantastique. Desmeules note que l’humour se compose de deux phases, le paradoxe ironique (phase obligatoirement intellectuelle) et le rebondissement humoristique, essentiellement langagier (mots d’esprit, utilisation de qualificatifs incongrus, pointes humoristiques), dont la manifestation coïncide avec l’apparition du fantastique.
Le héros de la nouvelle de Bélil, un militaire, réalise alors, grâce à ces procédés humoristiques, une double économie d’affect et de représentation du réel qui l’amène à refuser de voir la réalité telle qu’elle est, comique ou fantastique. L’essayiste conclut en s’interrogeant sur les raisons esthétiques qui poussent les écrivains à trafiquer les formes originelles d’un genre comme le fantastique.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1991, Logiques/Le Passeur, p. 192.