Parution : Les Voies du fantastique québécois, Québec, CRELIQ, Nuit blanche éditeur, coll. Séminaire n˚ 3, 1990, p. 61-82.
Angèle Laferrière aborde dans cette étude les images de la féminité contenues dans les différents textes qui composent l’Anthologie de la nouvelle et du conte fantastiques québécois au XXe siècle. Elle classe ces récits en trois groupes selon les fonctions diégétiques qu’y occupent les femmes : figurante, victime et femme fatale. Le premier groupe est caractérisé par l’absence d’éléments féminins ou, encore, par une représentation traditionnelle de la femme (épouse, mère ou objet sexuel) qui la limite à un rôle de témoin. Le deuxième groupe comprend des récits dans lesquels la victime féminine est aux prises avec le monde fantastique, le plus souvent de façon inconsciente, et en subit la létale conséquence. Le troisième groupe rassemble des textes dont « les images féminines ne sont plus victimes, mais plutôt “facteurs” de fantasticité ».
Toujours néfastes à l’homme, ces figures se subdivisent en deux grands archétypes : l’archétype de l’élément aquatique, dont la constellation d’images comprend notamment la glace et le miroir, et l’archétype de la femme fatale dont l’araignée est la représentation peut-être la plus répandue. Angèle Laferrière s’étonne néanmoins que la femme n’occupe pas une place plus importante dans la littérature fantastique malgré le fait que les auteurs féminins, dans cette anthologie, soient minoritaires (25 %). Elle considère d’ailleurs que cette littérature, qui se prétend révolutionnaire parce qu’elle propose de nouvelles visions du monde, contribue à une exacerbation des stéréotypes et non à leur renouvellement.
À noter que dans le dernier paragraphe de la page 71, à la phrase : « Malgré l'antiesthétisme, le froid et la chaleur se mêlent », il faut lire « antithétisme » plutôt qu'« antiesthétisme ».
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1991, Logiques/Le Passeur, p. 195.