Parution : Cahiers pour la littérature populaire 8/9, La Seyne-sur-Mer, Centre d'Études sur la Littérature populaire, 1987, p. 11-26.
Parmi tous les contes répertoriés au Québec dans les périodiques du XIXe siècle, Aurélien Boivin retient, pour les fins de cette étude, les textes qui appartiennent au corpus fantastique. Il présente sous forme d’inventaire les divers êtres surnaturels maléfiques qui se manifestent dans cet ensemble de contes en les regroupant par familles : le diable et ses suppôts, le loup-garou, le feu follet, la bête à grand-queue, les lutins, les marionnettes, les revenants et les fantômes. L’image du diable, abondamment utilisée par les conteurs, est particulièrement riche car cet être surnaturel emprunte de nombreuses identités : beau danseur, héritier, celui qui fait voler, constructeur de ponts ou d’églises, jeteur de sort.
Quelle que soit la figure de l’être surnaturel représentée dans le conte toutefois, celui-ci obéit à un schéma classique : toute transgression, tout manquement à une loi, à un précepte religieux est suivi d’un châtiment ou d’une punition. L’influence qu’exerce la religion catholique sur la société de l’époque, explique Aurélien Boivin, est grandement responsable de ce courant moralisateur qui prédomine tout au cours du XIXe siècle. C’est pourquoi aussi, estime-t-il, les princesses, les ogres, les monstres et autres dragons, si courants dans les folklores étrangers, sont absents dans la littérature de ce siècle : ce sont des personnages essentiellement païens.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 201.