Parution : Le Risque de lire, Québec, Université Laval/Nuit blanche éditeur, 1988, p. 65-88.
Maurice Émond s’applique d’abord à cerner certains aspects de l’imaginaire fantastique en se référant aux travaux de Gaston Bachelard, Louis Vax, Irène Bessière et Gilbert Durand. Littérature qui s’épanouit « dans le dualisme impénitent, le manichéisme constant d’une imagination qui se complaît dans l’antithèse, l’opposition et l’affrontement », le fantastique comporte deux thèmes féconds : celui du double monstrueux et celui du regard et ses nombreux motifs (le miroir, entre autres).
C’est sous cet angle que l’essayiste aborde l’œuvre d’Anne Hébert, du poème « Le Tombeau des rois » (1953) au roman Les Fous de Bassan (1982). Pour Émond, ce poème constitue le modèle initiatique des œuvres ultérieures. Il fait ressortir la récurrence du personnage du vampire, celui-ci étant présent littéralement dans Héloïse ou représenté symboliquement dans Les Chambres de bois, par exemple. De même, le regard auquel les personnages ne peuvent se dérober, sorte d’œil de Dieu qui induit la culpabilité avant même le crime, appartient d’emblée à l’imaginaire fantastique, appartenance soulignée par les caractéristiques animales de ce regard.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 192.