Parution : Le Fantastique même, Québec, L'instant même, 1997, p. 7-15.
Conscient que les conceptions du fantastique sont aussi nombreuses que les théoriciens, Claude Grégoire n’évoque pas moins l’hésitation, entre une explication naturelle et une autre surnaturelle, définie par Todorov, comme inhérente au genre, ou encore la dialectique conflictuelle entre le réel et l’irréel présentés dans le récit pour définir le fantastique. Ce faisant, il le distingue du merveilleux qui s’appuie sur un univers où tout est possible, où l’indécision est bannie.
Le présentateur brosse ensuite un survol historique de la pratique du fantastique au Québec depuis 1835, date de parution de « La Tour de Trafalgar ». Il note que, dans la seconde moitié du XIXe siècle, le fantastique, empruntant les formes brèves du conte et de la légende, a subi le joug du surnaturel religieux. Puis, après une période de grande noirceur qui couvre les soixante premières années du XXe siècle, le genre fantastique connaît une renaissance dont profite la nouvelle, estime Grégoire. Il voit d’ailleurs dans cette forme, comme l’a démontré André Carpentier, « un lieu privilégié d’écriture de la rupture, de la discontinuité, du doute ». Or cette esthétique réunit les conditions propices à l’expression du fantastique. C’est pourquoi il se déploie davantage dans la nouvelle que dans le roman.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1997, Alire, p. 209.