Parution : Actes du premier colloque des étudiant-e-s gradué-e-s du CRELIQ, Québec, CRELIQ, 1986, p. 55-69.
Michel Lord expose dans cette étude la méthode d’analyse qu’il entend utiliser pour définir le fonctionnement et la spécificité du récit fantastique québécois et en révéler les mythes. S’inspirant de la mythanalyse de Gilbert Durand, il se propose d’enrichir cette méthode en la doublant au préalable d’une analyse thématique, stylistique et narratologique. Mais il élabore tout d’abord une théorie du discours fantastique en se fondant sur les travaux de Maurice Lévy et d’Irène Bessière. Michel Lord affirme que « le discours FANTASTIQUE pose la problématique de la surimposition de deux [...] modes d’appréhension du monde ». D’une part, « la conscience de l’homme primitif (ou pré-catégoriel) s’inscrit dans un univers de la participation ». D’autre part, « la conscience de l’homme moderne s’inscrit dans un univers de l’exclusion ». Le texte fantastique apparaît ainsi comme le lieu de rencontre du code primitif (mysticisme englobant) et du code rationnel (raison tranchante).
Toutefois, estime Michel Lord, l’approche mythanalytique laisse voir ses limites « si l’on pense que le mythe est organisation et explication du monde, et que le récit fantastique est désorganisation de l’ordre du monde et suspension de l’explication ». Et c’est là que l’analyse thématique – pratiquée par Louis Vax et Roger Caillois –, l’analyse stylistique – appuyée sur la stylistique structurale de Michael Riffaterre –, et l’approche narratologique – développée par Jean Bellemin-Noël – peuvent aider le chercheur à interpréter quelques-uns des mythes qui caractérisent l’imaginaire fantastique québécois depuis sa résurgence au milieu des années 1960.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 167.