Rachel Bouvet et Joseph Dorion

Parution : Le Roman des possibles : l'anticipation dans l'espace médiatique francophone (1860-1940), sous la direction de Claire Barel-Moisan et Jean-François Chassay, Montréal, Presses de l'Université de Montréal, coll. Cavales, 2019, p. 409-427.

« Le Psautier de Mayence », du fantastiqueur belge Jean Ray, entraîne son lecteur jusqu'aux confins de l'espace et du temps. Ce récit d’une épopée scientifique se présente comme une tentative d'exploration des frontières de la connaissance du monde, à travers le thème mythique du voyage océanique. Dans cette nouvelle datée de 1930 se présentant sous le mode de l'anticipation scientifique, le fantastique s'insère à même les brèches de la connaissance de l'époque. C'est en adoptant une perspective lectorale du « Psautier de Mayence » que sont étudiés les rapports entre fantastique et imaginaire scientifique, en portant une attention particulière aux effets de lectures suscités par certaines lacunes de la narration, qui n’est pas exempte malgré tout d’une certaine cohérence.

L’étude montre dans un premier temps comment le « Psautier de Mayence » exploite les frontières de la connaissance et les croyances du public à travers le thème de l’exploration nordique, ainsi que par l’exploitation de notions scientifiques destinées à susciter un doute chez le lecteur quant à l’admissibilité des éléments mis en scène. Dans un deuxième temps, l’analyse du « Psautier de Mayence » privilégie un cadre de référence mythique, en replaçant le récit de Jean Ray au sein de la tradition littéraire du voyage nautique vers l’inconnu. L’étude porte sur les diverses rencontres entre l’équipage du bateau et les créatures provenant du fond de la mer, et tente de saisir la figure du maître d’école à partir de certains indices dispersés dans le récit. [RBo]