Louis Lasnier

Parution : Dires, vol. 3, n˚ 1, Saint-Laurent, 1986, p. 145-160 ; Dires, vol. 4, n˚ 1, Saint-Laurent, 1986, p. 57-80.

Cette étude comparative a pour sujets L’Influence d’un livre ou Le Chercheur de trésors, premier roman canadien-français (et fantastique), publié par Philippe Aubert de Gaspé fils en 1837, et Les Anciens Canadiens, paru en 1863 et attribué à Philippe Aubert de Gaspé père. Dans la première partie de cet essai, Louis Lasnier présente la figure de Napoléon Aubin qui incite le père et le fils à recueillir les légendes populaires pour en faire de la littérature. Il formule aussi l’hypothèse suivante qui mettrait à jour une sorte d’imposture historique : Aubert de Gaspé père aurait repris le canevas d’un roman de son fils décédé en 1841, aurait ajouté quelques scènes de la vie quotidienne et des descriptions de coutumes et aurait signé cette œuvre qu’on connaît sous le nom de Les Anciens Canadiens. 

Dans la deuxième partie, l’essayiste s’applique systématiquement à défendre cette thèse en comparant plusieurs éléments constituants des deux romans : leurs intrigues, leurs personnages, leurs légendes et leur espace. Dans chaque roman, l’intrigue comporte des digressions constituées de légendes et traite du thème latent et manifeste de la valorisation. En outre, il y a similitude dans l’utilisation des légendes (celle de Rose Latulipe, de la Corriveau, de l’homme du Labrador, de Joséphine Lalande) pour marquer les moments structurellement importants de chaque œuvre. Quant à l’espace, le fleuve, élément central, est commun aux deux romans de même que sa symbolique, la nécessité d’un changement radical d’attitude. Enfin, la personnalité de Napoléon Aubin a inspiré le personnage de Saint-Céran, dans le roman du fils, et celui d’Arché, dans le roman du père. Pour Lasnier, les correspondances et les ressemblances entre les deux romans sont telles qu’il conclut qu’il s’agit là d’un cas unique de filiation renversée : l’œuvre du fils engendre celle du père.

Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 162-163.