Simon Dallaire

Parution : Solaris 84, Hull, 1989, p. 35-39.

Simon Dallaire soumet un des romans de Daniel Sernine, Les Méan­dres du temps, à une analyse sociocritique, méthode élaborée par Lucien Goldman. Il se propose donc d’étudier la structure significative de l’œuvre et la structure mentale du groupe social auquel appartient l’auteur afin de voir s’il y a homologie entre elles. L’essayiste constate que les personnages se répartissent en deux groupes : ceux qui relèvent de l’Autorité (les scien­tifiques et les militaires) et ceux qui relèvent d’une nature plus conciliante ou bienveillante (les Éryméens). Nicolas Dérec, le personnage principal, conteste l’autorité astreignante et aspire à une liberté affective et intellec­tuelle. Le roman tient aussi deux discours, l’un sur l’écologie, l’autre sur la sexualité, qui reproduisent chacun l’opposition armée/Argus mentionnée plus haut. 

Dallaire montre que cette structure significative se superpose à la structure mentale du groupe social dont fait partie Sernine. Ce groupe so­cial est celui des mouvements alternatifs. Il est issu de la génération du baby boom qui investit la société québécoise au moment de la genèse du roman, génération qui est à l’origine de la contre-culture. Or les revendi­cations et les aspirations de Nicolas reprennent exactement celles du groupe social : protection de l’environnement, féminisme, homosexualité, écoles alternatives, avortement. Enfin, l’auteur revient sur deux personnages, Fleur de Lune et les Mentors, qui échappent à l’homologie entre les deux structures. La petite sœur fantasmée de Nicolas représenterait l’anima (la partie féminine) de l’adolescent tandis que la présence des Mentors serait « redevable d’une croyance typiquement religieuse ».         

Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 234-235.