Parution : L'Imaginaire machinique, sous la direction d'Isabelle Boof-Vermesse, Cristina Castellano et Victor Martinez, Sofia, St. Kliment Ohridski University Press, 2018, p. 53-69.
Quelques années avant la publication du Manifeste Cyborg par Donna Haraway, l’auteure de science-fiction franco-québécoise Élisabeth Vonarburg publiait son premier roman, Le Silence de la Cité (1981), qui lui a d’ailleurs valu tous les honneurs : Grand prix de la science-fiction française, prix Rosny aîné et prix Boréal. À la suite des traductions anglaise et allemande, elle fait paraître une deuxième version française révisée en 1998. L’univers fictionnel qu’elle y développe servira également de base à son deuxième roman, Chroniques du Pays des Mères (1992), et à plusieurs de ses nouvelles. Cette œuvre de Vonarburg, de son aveu même (tel que rapporté par Amy J. Ransom), s’inscrit dans la tradition des utopies féministes anglo-saxonnes des années 1970, notamment celles d’Ursula Le Guin, de Pamela Sargent ou de Judith Merril. […]
Le Silence de la Cité est largement consacré à la question du genre et de la reproduction en régime posthumain. Or, le projet de création d’une nouvelle humanité métamorphe qu’elle met en scène répond-il au problème de la reproduction et du genre ? Dans le cadre de cet article, il s’agira d’abord de voir en quoi la situation reproductive du monde Extérieur, puis celle des Cités, représentent des culs-de-sac. Dans un troisième temps, sera abordée plus longuement la solution (également contestable) à ce problème proposée par Paul et Élisa (le Projet), et leur tentative de dépassement de la hiérarchie des genres qui passe par une reproduction cyborg, avant l’heure. [ED]