Parution : Les Métaphores de la culture, Sainte-Foy, Presses de l'Université Laval, 1992, p. 3-35.
En s’appuyant d’une part sur la théorie de la métaphore qu’il avait développée dans Le Procès de la métaphore (Montréal : Hurtubise HMH, 1984), d’autre part sur une conception sémiotique de la culture, l’auteur soutient que le mot « culture » fonctionne comme une métaphore de l’espèce pour le genre, de la partie pour le tout, de l’homme à la place de l’humanité : une métaphore androcentrique. Après avoir dressé un bilan de la dénonciation féministe de l’androculture, après avoir mis en évidence les causes et conséquences de celle-ci, puis ses principales tactiques (par exemple, la projection d’une image négative des femmes, et l’occultation de leurs productions culturelles), il présente, en s’inspirant des divers types de métaphore, les protocoles de subversion de l’androculture mis en œuvre par les utopies féministes.
Selon le protocole de l’espèce à l’espèce, l’androculture est remplacée par une gynoculture gynocratique (c’est le projet social de Judith dans Le Silence de la cité, d’Élisabeth Vonarburg) ou exclusive (c’est-à-dire dans une société sans hommes, comme dans Le Satellite de l’Amande et Les Bergères de l’Apocalypse, de Françoise d’Eaubonne). Dans le protocole de l’espèce au genre, l’androculture s’efface au profit d’un biculturalisme sexual, « c’est-à-dire [d’]une culture humaine composée de deux sous-ensembles, l’un féminin et l’autre masculin, coexistant sans hégémonie de l’un sur l’autre » (p. 29), comme dans Au creux des Arches (Christine Renard). Enfin, dans le protocole fondé sur l’analogie, l’androculture et la gynoculture sont remplacées par une culture humaine androgyne, comme dans Archaos ou le jardin étincelant (Christiane Rochefort) et Les Guérillères (Monique Wittig).
Source : Bouchard, Guy, L'ASFFQ 1992, Alire, p. 219.