Parution : Requiem 6, Longueuil, 1975, p. 12-13.
Gloria Escomel commente l’article de Jean Bellemin-Noël, « Des formes fantastiques aux thèmes fantastiques », qui se présente comme une lecture critique de l’essai de Tzvetan Todorov, Introduction à la littérature fantastique. Elle reproche à l’un et à l’autre de ne pas avoir réussi à définir une poétique du fantastique qui lui soit exclusive ou spécifique. Qui plus est, le fantastique étant mort, selon Bellemin-Noël, au début du XXe siècle, il lui oppose, pour cerner la spécificité du genre, le récit de science-fiction qui aurait pris le relais de « ce potentiel d’émotivité trouble », ce qu’Escomel conteste énergiquement.
Les différences structurelles avancées par Bellemin-Noël pour définir le fantastique, que ce soit le point de vue narratif, le statut de la description dans un récit ou la « rhétorique de l’indicible » qui consiste à ne pas montrer l’objet fantastique, ne tiennent pas la route car on peut trouver dans le corpus fantastique nombre d’exemples qui contredisent les positions théoriques de l’auteur. En outre, ces différences structurelles ne permettent pas de différencier les récits les uns par rapport aux autres et s’appliquent à toute la littérature romanesque. En conclusion, Gloria Escomel estime qu’à défaut d’une méthode d’analyse formaliste satisfaisante du fantastique, l’étude thématique demeure encore la plus pertinente pour circonscrire le genre.
Source : Janelle, Claude, Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, 2021, p. 437-438.