Parution : Spirale 151, Montréal, 1996, p. 29.
À l’occasion de la publication de l’anthologie Le Fantastique féminin, d’Ann Radcliffe à Patricia Highsmith d’Anne Richter, Grégoire Joubert entend dissiper la confusion qui règne entre fantastique et onirisme, confusion que l’anthologiste entretient avec son choix de textes. Celui-ci est censé refléter la différence qui existe entre le fantastique féminin et son pendant masculin. Or, selon Joubert, l’exercice n’est pas concluant car la prémisse d’Anne Richter repose sur une méprise.
Les caractéristiques que l’anthologiste prête au fantastique féminin (plus intuitif, moins violent, moins tourmenté, davantage porté à la rêverie matérielle) par rapport au fantastique masculin sont en fait des traits propres à l’onirisme que l’essayiste différencie par le rôle du surnaturel merveilleux qui se « surajoute au réel sans en troubler la trame ». Le fantastique, pour sa part, repose sur un conflit entre le réel et le surnaturel, le personnage et le phénomène inexplicable. Ainsi, l’onirisme se place sous le signe de l’unité (symbiose du personnage et du rêve) tandis que le fantastique se fonde sur la division, la dualité. Grégoire Joubert conclut qu’il serait irréfléchi d’associer l’onirisme à l’archétype de la féminité et le fantastique à la masculinité puisqu’autant d’hommes que de femmes ont pratiqué les deux genres.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1996, Alire, p. 227.