Parution : Misogynie, sexisme, féminisme : images ambiguës, dans Les Cahiers du Grad 3, Sainte-Foy, Université Laval, 1989, p. 105-125.
Michel Lavoie présente d’abord les quatre principes qui constituent les fondements du pouvoir totalitaire dans la société d’Océania : la propagande, la guerre perpétuelle, la répression et la torture. La propagande s’appuie sur le novlangue par lequel « on arrive à maîtriser le rapport fondamental entre le sujet-pensant et son objet de pensée ». La guerre perpétuelle, de son côté, détourne sur l’ennemi l’agressivité de l’individu et centralise l’objet de la pensée négative. Enfin, si la répression assure le maintien de l’ordre, la torture constitue un moyen d’inculquer l’idéologie du Parti.
Dans la deuxième partie de son exposé, Lavoie aborde l’élément qui rend l’ensemble cohérent. Le pouvoir, dans 1984, a compris qu’il doit diviser pour régner. Mais pour durer dans le temps, il doit agir sur la nature profonde de l’humain. Les rapports sexuels sont ainsi présentés par la propagande comme un sacrifice nécessaire afin d’assurer strictement la reproduction. Michel Lavoie estime que les rapports sexuels obligés, source d’une possible subversion amoureuse qui pourrait contaminer le système, se situent apparemment en contradiction avec la doctrine du roman d’Orwell et que Big Brother aurait pu éliminer tout danger d’un acte pernicieux en mettant au point une méthode de reproduction artificielle. Mais il reconnaît que cette négation totale de la sexualité comme valeur d’échange entre les êtres engendre et alimente l’opposition femme/homme dont se sert Big Brother pour perpétuer son pouvoir.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 238.