Parution : Revue francophone de Louisiane, vol. III, n˚ 2, Lafayette (Louisiane), 1988, p. 46-52.
Considérant d’entrée de jeu le merveilleux comme l’envers du fantastique, parce que le premier sous-entend une conclusion heureuse tandis que le second est associé à une détérioration du « réel » et à un dénouement malheureux, René Labonté définit ainsi le merveilleux : « ce qui se situe aux antipodes du réalisme, du rationnel, de l’explicable, et se retrouve à la fine pointe de l’imaginaire, qu’il s’agisse d’irréel ou de surréel ». Il en identifie deux sortes : le merveilleux religieux ou chrétien (qui met en cause les croyances religieuses de l’époque où il s’écrit) et le merveilleux moderne, essentiellement profane.
Labonté fait un survol des principales manifestations du merveilleux chrétien qui s’exprime surtout au XIXe siècle, dans les contes surnaturels issus de la tradition orale, d’origine européenne, et marqués par un catholicisme moralisateur. Il constate que ce merveilleux chrétien s’est transformé depuis le début des années 1960, devenant davantage un thème sujet à la distanciation de l’ironie. Cette évolution a donné lieu à un merveilleux moderne, puisant sa source dans le domaine privilégié de l’enfance, que René Labonté relève dans les romans réalistes de Roch Carrier, Michel Tremblay, Francine Noël et Yves Beauchemin. Banalisé par le cinéma, supplanté par le fantastique et la science-fiction en littérature, le merveilleux a-t-il encore un avenir ?, se demande enfin l’auteur de l’étude.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 322-323.