Parution : Solaris 133, Proulxville, 2000, p. 34-38.
Du premier texte (« Les Orphelins de Hoï Tri ») aux derniers, l’œuvre de Jean-Pierre April est traversée par les questions de maternité et de paternité qui, abordées sous l’angle des technologies de reproduction ou des courants sociaux qui redéfinissent la société occidentale – tel le féminisme –, lui confèrent les habits de la science-fiction. C’est ainsi qu’April est amené à réfléchir sur la dynamique familiale, le surpeuplement mondial et la dénatalité en Occident, réflexion qui culminera dans un roman qui constitue la synthèse de sa pensée, Berlin-Bangkok.
Kathleen Kellett-Betsos analyse la figure de la mère dans l’œuvre aprilienne et constate l’ambivalence de l’image maternelle « qui représente à la fois la protectrice dévouée de ses enfants et une force oppressive désireuse de contrôler sa progéniture ». L’essayiste estime que l’image de la mère, sujette à une certaine idéalisation, éclipse celle du père qui a du mal à dépasser son rôle de simple géniteur, d’autant plus que la technologie peut faire l’économie de cette contribution.
Elle conclut son étude en soulignant que les derniers textes d’April (« Dans la forêt de mes enfances », Les Voyages thanatologiques de Yan Malter) mettent davantage l’accent sur la figure du père – ouvrant d’ailleurs une piste de réflexion sur la paternité littéraire qui se substituerait même à la paternité biologique –, ce qui traduirait un désir de redéfinir l’ancien stéréotype du patriarcat et de jeter les bases d’une nouvelle relation émotive entre le père et la famille.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 2000, Alire, p. 204-205.