Parution : imagine… 53, Sainte-Foy, 1990, p. 9-25.
Cette étude, qui constitue une synthèse du mémoire de maîtrise d’Andrée Lotey, analyse treize nouvelles écrites par des femmes : Lise Brouillette, Colette Fayard, Danielle Fernandez (3), Agnès Guitard, Sylvie Lainé, Mercédes Nowak, Francine Pelletier, Annick Perrot-Bishop, Esther Rochon (2) et Sabine Verreault. L’essayiste se propose d’étudier comment les écrivaines envisagent « les relations de pouvoir (phallocratique, gynocratique, sexuel) dans leur rapport avec l’autre, et plus particulièrement dans les relations amoureuses ». Inspirée par les travaux théoriques d’Hélène Cixous sur la relation homme-femme tout au long de cet essai, Andrée Lotey va vérifier si la SF écrite par ces femmes constitue un lieu d’expression privilégié pour opérer des changements sociaux et imposer un idéal féminin.
Le corpus analysé se partage en deux approches : la critique du pouvoir masculin et l’altérité heureuse. Dans la première catégorie de textes où sont regroupées la majorité des nouvelles, seule Danielle Fernandez a cherché de façon aussi explicite « à faire éclater les stéréotypes du discours de guerre des sexes pour faire apparaître l’être nouveau » estime l’essayiste à propos des « Aventures d’Opérata ». Les autres auteures dénoncent plutôt les rapports de domination dont sont victimes les femmes et ce, doublement quand se superpose à ce rapport la lutte entre les espèces.
La seconde catégorie réunit des récits dans lesquels la rencontre de l’autre débouche sur une amorce de relations plus égalitaires. Andrée Lotey conclut que la majorité des auteures étudiées présentent des relations de pouvoir entre les hommes et les femmes sous l’angle dystopique, que leur présence dans la SF ne constitue encore qu’une « intrusion » dans un territoire masculin mais que la voix des femmes commence à ébranler les fondements de la société patriarcale en s’élevant contre ce refus de l’autre.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1990, Logiques/Le Passeur, p. 212.