Parution : Anthropologie et sociétés, vol. 9, n˚ 1, Québec, 1985, p. 83-93.
L’auteur analyse le modèle utopique de Charles Fourier à travers ses écrits. Fabre identifie deux Fourier qui tiennent un discours différent. Le premier Fourier met en cause le mariage monogamique, création des législateurs (vieux et de sexe mâle) comme responsable de la situation lamentable qui prévaut en Civilisation (époque contemporaine de l’auteur). Fourier proclame la supériorité naturelle de la femme, ce qui le fait passer pour un féministe avant la lettre. Le deuxième Fourier renvoie dos à dos les acteurs sociaux car il se rend compte qu’ils sont complices de la situation actuelle. Il abandonne alors l’explication du social par la recherche d’un coupable et expose un modèle systémique fondé sur l’attrait des multiples possibilités de relations entre les sexes. Jean-Bernard Fabre résume les principaux points de cette société idéale, l’Harmonie, dans laquelle la femme fait contrepoids à l’homme et l’enfant joue un rôle essentiel. Il met aussi en lumière deux points faibles éminemment discutables dans le système fouriérien basé sur les échanges, les correspondances et les différences.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1985, Le Passeur, p. 154-155.