Claire Le Brun

Parution : Visions d'autres mondes, Ottawa, RD/Bibliothèque nationale du Canada, 1995, p. 92-101.
Traduction : The Science Fiction novel for young people in Québec from the 1960s to the 1990s, dans Out of this world, Kingston/Ottawa, Quarry Press/National Library of Canada, 1995, p. 86-95.

Claire Le Brun estime à une quarantaine le nombre d’auteurs qui ont publié au moins un roman de science-fiction destiné à un jeune public au cours des années 1960 à 1990. Elle commence par situer la place des récits de science-fiction dans l’évolution de la littérature jeunesse au Québec en esquissant une typologie des auteurs, des éditeurs et des collections spécialisées.

Claire Le Brun s’attarde davantage aux grands axes thématiques de cette production qu’elle détaille sous quatre aspects. Mais encore faut-il faire une distinction entre les thèmes des romans pour enfants et ceux des romans qui s’adressent aux adolescents. Les robots et les extraterrestres dominent les récits de science-fiction pour enfants, mais leur rôle, pour l’un ou l’autre groupe de lecteurs, en est généralement un d’ami, d’aide ou de confident. Les croisades pour la paix, une caractéristique qui traverse les décennies mais surtout présente dans les années 1960 en raison des séries Unipax (Maurice Gagnon) et Volpek (Yves Thériault), constituent un autre axe thématique. 

Bien que cela puisse surprendre, la littérature jeunesse ayant « un devoir d’optimisme », le courant dystopique est très fort, constate l’essayiste. La description de cités de l’avenir et de sociétés distanciées favorise ainsi l’expression d’une critique sociale dont ne se privent pas Monique Corriveau, Suzanne Martel et Denis Côté, notamment. Par ailleurs, elle relève la présence de plusieurs romans de formation au féminin dans lesquels les relations interpersonnelles sont davantage au cœur du récit que les structures sociales. En hommage aux araignées est le prototype de ces Bildungsromane féminins. Claire Le Brun conclut en mentionnant d’autres thèmes (le combat écologique, la bioéthique, la désinformation) abordés par les auteurs, ce qui lui permet d’affirmer que la science-fiction pour jeunes relaie les « préoccupations sociales, économiques, religieuses, politiques de son époque ».

Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1995, Alire, p. 213.