Joël Champetier, Julie Martel et Christian Sauvé
Parution : Solaris 124, Roberval, 1997, p. 13-16.
D’entrée de jeu, les trois auteurs établissent la typologie du genre que recouvre l’appellation anglaise romance en résumant une intrigue exemplaire et en établissant son enjeu. Il s’agit ici d’une littérature optimiste, basée sur la primauté du couple et sur « la relation amoureuse perçue comme un juste milieu entre l’individualisme forcené et l’anonymat que nous fait subir la société ». La romance est une littérature de processus, déterministe et fondamentalement antirationnelle.
L’intégration de la science-fiction dans l’œuvre de Susan Krinard laissera sans doute insatisfaits les amateurs de SF car la « meilleure science-fiction est une littérature de conséquences ». L’intégration d’éléments fantastiques semble à première vue plus naturelle mais l’absence d’originalité et, surtout, l’absence d’étrangeté (chez ses créatures trop conformes au modèle canonique) risquent de décevoir aussi les amateurs du genre. Bref, si les lecteurs (en grande majorité des lectrices, en fait) de romance acceptent de suivre Susan Krinard dans des univers fantastiques ou science-fictionnels, il est loin d’être sûr que l’inverse se produise. Ce ne sont pas les qualités intrinsèques de l’œuvre qui sont en cause mais le contrat tacite qui lie l’auteur au lecteur dans cette conviction que la vertu est récompensée et que le monde est sensé, juste et moral.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1998, Alire, p. 199.