Parution : Philosophiques, vol. XXI, n˚ 2, Montréal, 1994, p. 453-457.
Élisabeth Vonarburg donne les raisons pour lesquelles elle écrit de la science-fiction. Petite, elle était fascinée par les mythes, contes et légendes. À l’âge adulte, elle a renoué comme lectrice avec le registre de l’héroïsme, après un passage par la littérature réaliste, en découvrant la science-fiction. Mais elle a vite constaté que les figures héroïques, tout comme dans les contes de son enfance, étaient toutes des hommes. Comme partout ailleurs, les héroïnes étaient soit des Vierges, soit des Garces ultimement punies, soit des Mères-épouses. Cependant, l’arrivée en SF d’auteures comme Ursula Le Guin qui ont revivifié le modèle traditionnel de l’utopie pour le faire évoluer vers des utopies ambiguës a tout changé.
Pourquoi donc écrire de la science-fiction ? Parce que « la pensée féministe est de nature fondamentalement utopiste » et que l’utopie est l’une des « grands-mères » de la science-fiction. Pour l’auteure, la science-fiction représente « un véhicule d’une extrême richesse potentielle pour la pensée féministe », offre à l’imaginaire d’autres chronotopes rendant possible la création d’héroïnes différentes des modèles évoqués plus haut et « constitue indéniablement un espace de liberté par rapport à la littérature normative ».
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1994, Alire, p. 221-222.