Parution : Images féministes du futur, Les Cahiers du Grad 6, Sainte-Foy, Université Laval, 1992, p. 37-64.
La majeure partie de cet article est un résumé analytique du roman de Margaret Atwood, lequel décrivait une société, la République de Giléad, qui se serait implantée aux États-Unis à la fin du XXe siècle. Ce régime est contrôlé par un groupe d’hommes qui ont appris la politique dans la Bible, et qui considèrent les femmes comme des êtres inférieurs répartis en diverses catégories dont l’auteure dresse un tableau d’autant plus intéressant qu’elles sont mises en parallèle avec la hiérarchie masculine. L’héroïne du récit, Defred, appartient à la catégorie des Servantes, femmes fertiles placées en stage chez un Commandant dont l’Épouse, en cette époque de dénatalité, n’a pu enfanter. Elles ont pour mission de copuler chaque mois avec lui, en présence de l’Épouse, afin d’assurer sa progéniture. Defred, qui a eu des relations clandestines avec son Commandant, est démasquée par l’Épouse de celui-ci, mais réussit à s’enfuir grâce au chauffeur Nick, qui était devenu son amant…
Lise Pelletier souligne que la décision gouvernementale de recriminaliser l’avortement fait de ce roman une réflexion inquiète sur la précarité des droits acquis par les femmes, et elle souligne sa pertinence toujours actuelle : « [...] le discours sur la Nature des femmes, qui les associe à leur fonction biologique, a toujours cours ; contraception et avortement sont parfois discutés dans un contexte qui nous ravale au rang de “pondeuses irresponsables” ; racisme et sexisme perdurent. C’est pourquoi quand un gouvernement commence à récompenser financièrement la production d’enfants sans améliorer les conditions de vie des femmes dont, en pratique, le salaire est encore inférieur à celui des hommes, la vigilance s’impose plus que jamais. Car c’est de l’insouciance d’une majorité d’hommes et de femmes qu’est née la Servante de Giléad… »
Source : Bouchard, Guy, L'ASFFQ 1992, Alire, p. 230.