Jean-Pierre April

Parution : imagine… 77, Sainte-Foy, 1997, p. 79-96.

Avant d’aborder le vif de son sujet, la présence du sport – et plus particulièrement le hockey – dans la science-fiction québécoise, Jean-Pierre April tente d’expliquer pourquoi le sport est habituellement absent de la littérature générale qu’il associe à la culture élitiste. Il avance que la littérature générale repose sur des préoccupations individuelles et favorise l’introspection tandis qu’en science-fiction, l’être humain, l’individu devient le représentant de l’Humanité de la même façon que le héros sportif incarne les aspirations d’une collectivité, voire d’une nation.

April présente ensuite cinq textes de SF qui intègrent le hockey dans leur récit : « Le Fantôme du Forum », nouvelle qu’il a publiée en 1981, Ville-Dieu, roman de François Barcelo, Les Nordiques sont disparus, roman de Gilles Tremblay, Hockeyeurs cybernétiques, roman pour jeunes de Denis Côté, et « Au jeu », nouvelle de Guy Bouchard. Il ressort de ces textes des traits communs (personnages marginalisés, sport-spectacle comme moyen d’évasion, etc.) qui l’amènent à postuler que le Sport-Fiction constituerait « une compensation par les voies de l’imaginaire à l’échec référendaire de 1980 ». 

Pour les auteurs québécois de SF, la conquête spatiale n’étant pas à la portée de la collectivité dont ils sont issus, c’est l’espace mythique qui a comblé cette incapacité. Or, estime April, le grand mythe pouvant soulever les foules et enfiévrer l’imaginaire des auteurs s’enracine dans notre sport national, le hockey. Il conclut son exposé en esquissant un parallèle avec le baseball, sport national de nos voisins du Sud, qui a souvent été mis à contribution par les auteurs américains, mais dont la mythologie répond à d’autres nécessités. 

Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1997, Alire, p. 205.