Parution : Solaris 121, Roberval, 1997, p. 19-22.
Le steampunk, sous-genre typiquement anglo-américain, tire son origine du mot cyberpunk. Conjuguant « l’optimisme foncier de l’ère de la vapeur triomphante et le nihilisme punk de l’ère nucléaire », ce courant littéraire se caractérise par des uchronies se déployant en plein XIXe siècle victorien. Paul Di Filippo, James P. Blaylock, William Gibson, Bruce Sterling et John Crowley comptent parmi ses principaux représentants.
Jean-Louis Trudel expose ensuite les principaux traits communs qu’on retrouve dans des œuvres comme The Difference Engine, Lord Kelvin’s Machine et The Steampunk Trilogy. Les figures centrales sont très souvent des scientifiques, ce qui n’a rien de surprenant en science-fiction, ou encore des poètes, le plus souvent des Romantiques anglais (Lord Byron, John Keats, Percy Bysshe Shelley). Pourquoi ceux-ci plutôt que les préraphaélites ? Parce qu’ils incarnent un certain esprit cyberpunk, à la fois romantique et révolutionnaire par leurs opinions démocratiques considérées comme radicales à leur époque.
En outre, ces uchronies victoriennes offrent à ces poètes souvent disparus trop tôt une rare revanche sur l’Histoire. Enfin, les Romantiques, par leur admiration pour les aspects sublimes du monde naturel, sont en quelque sorte les précurseurs du sense of wonder qui est au cœur de l’esthétique SF. De leur côté, les préraphaélites rejetaient la production industrielle au profit de méthodes plus humaines, attitude qui va à l’encontre de l’idéologie progressiste véhiculée par la science-fiction.
Autre spécificité propre aux ouvrages de steampunk : le triomphe de la normalité et de la rationalité. À cela s’ajoute la redécouverte de l’érotisme victorien due en grande partie à la place accordée à la sexualité dans ces œuvres.
En conclusion, Jean-Louis Trudel constate que le steampunk n’a pas inspiré les auteurs français de science-fiction. Il explique ce désintérêt par le fait que l’œuvre de Jules Verne a déjà très bien exprimé la science-fiction à l’époque victorienne.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1997, Alire, p. 220.