Parution : Solaris 117, Gallix, 1996, p. 22-24.
Daniel Canty aborde le thème de la mémoire et des mémoires dans cette étude consacrée au cycle de cinq romans de Gene Wolfe, la tétralogie Le Livre du nouveau soleil et sa suite, La Teur du nouveau soleil. Ce cycle raconte la parousie (retour glorieux du Christ) sous la forme d’un roman d’apprentissage, ce que le titre anglais (The New Sun/The New Sonet the Urth/hurt/douleur/teur) rend mieux que la traduction française de The Urth of the New Sun. Après avoir caractérisé la quête du personnage principal, Severian, et expliqué son rôle, l’essayiste glose sur le paradoxe inscrit au cœur de l’œuvre de Wolfe : comment celui-ci peut-il prétendre avoir traduit un livre qui n’existe pas encore (les mémoires de Severian) puisque son histoire se déroule dans un futur lointain ?
Canty avance que cela suggère « la possibilité d’une modification dans nos savoirs sur la structure du temps ». Il se lance dans une longue explication qui s’appuie sur une série de lois concernant la physique de la lumière et l’utilisation de « speculae », de miroirs qui réfléchissent la lumière. Celle-ci représente d’ailleurs un enjeu essentiel de l’œuvre car Severian s’est donné comme mission « de ranimer le soleil qui s’étiole ».
Daniel Canty conclut son étude en expliquant la valeur symbolique de la planète Urth, qui tient lieu d’Empyrée. Urth est la mémoire de Severian et la lumière de cet univers supérieur passe à travers lui comme un filtre. Le substrat chrétien de l’œuvre est représenté par cette image d’une « humanité plus parfaite qui envoie des émissaires angéliques – les “ hiérodules ” – aider l’homme dans l’élévation à laquelle il est destiné ».
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1996, Alire, p. 224-225.