Parution : Stephen King : trente ans de terreur, Beauport, Alire, coll. Essais 001, 1997, p. 65-86.
Tout en reconnaissant que Stephen King est connu surtout pour ses romans, Guy Sirois remarque que, grâce aux succès de vente de ces derniers et malgré le fait qu’on ne parle guère de ses recueils, l’auteur américain est aussi le nouvelliste le plus lu dans le monde. Puis Sirois explique en quoi consiste cette forme littéraire appelée « nouvelle » et il en retrace brièvement l’histoire moderne, de Maupassant et Tchekhov jusqu’à nos jours, tout en cherchant les quelques auteurs qui sont devenus célèbres uniquement grâce aux leurs, tels Bradbury, Collier et Dahl.
Si on ne dénote pas de différences stylistiques profondes entre les romans et les nouvelles de King – bien qu’il « ose » plus dans ces dernières –, Sirois démontre que, de par leur inévitable brièveté, les nouvelles de King ne souffrent pas de l’embonpoint littéraire qui frappe parfois ses romans. De plus, il note que « …la nouvelle type de King est un texte relativement serré et compact, sans trop de fioritures […] où chaque mot porte, chaque phrase conduit ». En guise d’exemple, l’auteur propose l’analyse de deux nouvelles marquantes de King, « Le Goût de vivre » et « Pompes de basket ».
Outre le fait qu’il est avant tout perçu comme un écrivain d’horreur – ce qui est limitatif quand on constate la multitude de genres qu’il a explorés –, Sirois explique que King appartient avant tout « …à une tradition gothique typiquement américaine qui commence avec Charles Brockden Brown, à la fin du XVIIIe siècle, passe par Edgar Poe et Nathaniel Hawthorne au milieu du siècle suivant, devient un temps californienne avec Ambrose Bierce et James Morrow et prend le versant commercial de Weird Tales dans les années vingt de notre siècle… ». Or, de continuer Sirois, si les influences de Stephen King sont manifestes lorsqu’il écrit de la nouvelle – Bradbury, Leiber, Beaumont, Matheson… –, il n’en est pas de même de son originalité ! Il en conclut que si l’histoire littéraire de notre siècle garde une petite place pour Stephen King le nouvelliste, ce sera plutôt à cause de l’extraordinaire présence des personnages qu’il y met en scène.
Source : Pettigrew, Jean, L'ASFFQ 1997, Alire, p. 217-218.