Parution : La Cité dans l'œuf, Montréal, BQ, 1997, p. 7-14.
D’entrée de jeu, Michel Lord situe la publication de La Cité dans l’œuf de Michel Tremblay dans le contexte socioculturel de l’époque (la fin des années 1960) et rappelle qu’il s’agit là, mine de rien, du « premier roman fantastique québécois contemporain », ce qui lui confère « l’aura d’une énigme ». Le préfacier souligne les influences décelables dans ce roman de jeunesse, qui le rattachent indubitablement à la tradition fantastique américaine (Lovecraft) et belge (Jean Ray). Sur cette lancée, il démontre, en se penchant sur la technique narrative utilisée, que le roman de Tremblay est un récit fantastique plutôt qu’une œuvre de science-fiction. Il y a d’abord cette convention du manuscrit trouvé, puis cette oscillation entre l’univers mythique et celui de la raison, cette pénétration du héros dans l’univers décrit « à la faveur d’une influence lunaire » et, enfin, l’aller-retour du réel au réel qui encadre ce voyage étrange et fantastique.
Malgré tout, Michel Lord considère que ce roman contient en germe l’œuvre ultérieure (dramatique et romanesque) de Tremblay car on y trouve déjà « cette prise de conscience du personnage qui se sent en étrange pays dans la réalité même » et qui aspire à un ailleurs meilleur. D’où sa conclusion, qui explique le titre de la préface : Michel Tremblay, en pastichant ses maîtres fantastiqueurs, « s’est lui-même révélé à travers le travestissement étrange ».
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1997, Alire, p. 211-212.