Parution : Anthologie de la science-fiction québécoise contemporaine, Montréal, BQ, 1988, p. 7-25.
Dans l’introduction à son anthologie, Michel Lord esquisse les origines de la science-fiction et en définit le champ général avant de présenter les trois phases qui marquent la constitution de la SF québécoise contemporaine. Sans remonter jusqu’à Gilgamesh ou aux ouvrages de Platon qui peuvent être annexés à rebours au corpus SF, Lord retient deux dates déterminantes : la publication de Frankenstein de Mary Shelley en 1818 et la fondation, par Hugo Gernsback en 1926, d’Amazing Stories, première revue consacrée au genre qu’il baptisa d’abord scientifiction avant de lui donner le nom de science-fiction.
Pour définir les assises théoriques du genre, Michel Lord puise à la fois chez Marc Angenot et Darko Suvin. Du premier, il emprunte le concept de « paradigme absent » et du second, les notions de novum et de distanciation propres à la SF. Questionnant la place de la science dans le corpus de SF, Michel Lord propose, à la suite de Jacques Lemieux, de remplacer le terme « science » par celui de « savoir » dans le doublet SF. Cette appellation permettrait de recouvrir autant la hard SF que l’heroïc fantasty et la fantasy, sous-genres dans lesquels la magie – « cette pseudo-science ou ce savoir primitif » – joue un rôle aussi important que la science dans « la création d’un monde entièrement nouveau, un novum, distancié par rapport à celui dans lequel vit l’auteur ».
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 193-194.