Parution : Solaris 133, Proulxville, 2000, p. 26-30.
En cette année 2000 qui représente une référence temporelle privilégiée pour les auteurs de science-fiction car elle était l’incarnation même de l’avenir, Alain Bergeron s’interroge sur le devenir de cette littérature associée aux yeux du commun des mortels au monde des devins et des futurologues. Constatant que certains événements anticipés ne se sont pas produits alors que d’autres sont survenus qui n’avaient pas été prévus, l’auteur pose la question : une œuvre d’imagination a-t-elle à se justifier de s’être trompée ?
La SF au XXIe siècle empruntera, selon lui, un des deux scénarios suivants : ou elle agonisera, ou elle évoluera. S’appuyant sur un article de Thomas F. Bertonneau, « Science Fiction R.I.P. », l’anachorète dilettante reconnaît que la SF est devenue un genre extrêmement répétitif depuis une vingtaine d’années et qu’elle a un urgent besoin d’un nouveau souffle pour redevenir une littérature d’avant-garde, tant par la forme que par les idées. Le scénario optimiste table sur la capacité de la SF de se renouveler en remettant en question ses vieilles certitudes et en assumant pleinement son rôle de critique d’une société devenue hypertechnologique. Comme le souligne l’auteur, « nous vivons plus que jamais dans un environnement de science-fiction » comme nous le rappellent quotidiennement l’Internet, les organismes génétiquement modifiés, le clonage humain, les thérapies géniques. À la SF de relever le défi de réapprendre à inventer le futur ! Mais pour cela, elle devra aussi renoncer à ses prétentions de littérature de masse.
Source : Janelle, Claude, L'ASFFQ 2000, Alire, p. 201.