Thèse de doctorat, Université de Sherbrooke, 2009, 441 pages.
Résumé
La présente thèse explore, dans une optique de recherche-création, la nouvelle fantastique onirique, notamment au plan de ses stratégies de spatialisation, indissociables de la narration et, surtout, de la focalisation. La partie « création » de la thèse, soit le recueil de nouvelles homogène intitulé Comme des galets sur la grève, met en place neuf textes plus ou moins courts et participant du fantastique onirique. Ce recueil témoigne de mon parti pris pour l’espace, puisqu’il se concentre autour d’un lieu rassembleur, un lac situé dans une région isolée, que fréquentent des personnages marginaux. Tous ces êtres tourmentés, esseulés, sont attirés par ce plan d’eau. Invariablement, le lac agit en tant que révélateur de leur psyché, de leur quête. Dans toutes les nouvelles, le fantastique fait irruption à des degrés divers, se manifestant généralement par le biais de procédés propres à l’onirisme, étroitement liés à la focalisation et aux types de lieux choisis.
Dans la partie « essai » de la thèse, c’est-à-dire : Rêver le « réel » : l’espace dans la nouvelle fantastique onirique, je reviens sur les travaux théoriques inspirés par le fantastique et je pose les bases de ce qui peut être considéré comme sa variante onirique. J’explore aussi la notion d’espace littéraire, particulièrement dans un contexte nouvellier et fantastique, et je présente un modèle théorique permettant d’étudier l’espace de la nouvelle fantastique onirique, modèle qui guide l’analyse de douze nouvelles issues de trois auteurs québécois pratiquant ce sous-genre : Aude, Hugues Corriveau et Danielle Dussault. J’y observe principalement la spatialisation, en mettant en évidence ce qui caractérise la manière de chaque auteur.
Enfin, j’opère un retour sur ma pratique scripturale et sur le fantastique onirique présent dans Comme des galets sur la grève, par le biais d’une réflexion portant sur l’importance de l’espace dans mon écriture et son rôle dans le recueil, le tout en bénéficiant de la perspective renouvelée que les analyses des trois nouvelliers m’offrent. Chez les auteurs retenus, ainsi que dans mon recueil, le fantastique onirique s’envisage comme étant une pratique scripturale étroitement associée au regard et à la focalisation des protagonistes, mais aussi à la spatialisation des textes, les lieux fondant l’élaboration même d’un réseau d’analogies, de mises en abyme et de dédoublements illustrant la quête d’un sujet désireux de s’extraire d’un « réel » aliénant, pour habiter un univers plus accordé à sa « déviance ».