Mémoire de maîtrise, Université McMaster, 2011, 148 pages.
Résumé
Cette thèse porte sur la valeur philosophique des représentations de la science et de la mythologie dans la science-fiction postmoderne, selon une étude du cycle du Pont d’Élisabeth Vonarburg. L’ensemble des mondes possibles présentés à travers ces œuvres se prête à une lecture épistémologique de la série. Ces mondes, dépourvus de lien significateur avec une réalité sous-entendue, sont forcément autosuffisants. L’abord de ce type de texte pose ainsi un défi à la connaissance.
La codification des œuvres de Vonarburg s’érige selon la constitution d’une xénoencyclopédie. La xénoencyclopédie s’exprime surtout à travers des métaphores, qui occupent par la représentation figurée une fonction épistémologique. Le tout s’assemble en structure cohérente par moyen d’un processus cognitif de projection cartographique effectué par le lecteur, qui cherche à déceler indice par indice le sens de l’univers représenté dans le texte. Dans les œuvres du cycle du Pont, la science et la mythologie sont décortiquées pour révéler les imprécisions inhérentes à chacun des systèmes de codification. Ces systèmes sont tous les deux enracinés dans le langage, ce qui entraîne une représentation fragmentée de la réalité qu’ils veulent figurer.
Les œuvres opèrent comme productions « scientifiques », dans le sens où elles fournissent un territoire fertile de données, propice pour l’analyse empirique de l’épistémologie. Les représentations de deux domaines codificateurs dans les récits à l’étude suscitent une investigation empirique qui tente d’élucider leur capacité de soutenir l’apprentissage. L’exposition des contraintes représentatives propres à la science et à la mythologie se manifeste à travers la juxtaposition et la superposition des mondes du cycle du Pont, qui constituent des virtualités. Nous soulèverons une question finale : des limitations des systèmes de codification, découle-t-il un épuisement potentiel de l’imaginaire ? Pour y répondre, nous invoquerons l’apport de la métafiction, qui relève de l’interaction du lecteur avec le récit.
Table des matières
Remerciements v
Table des matières vii
INTRODUCTION 1
CHAPITRE 1 : LA CARTE, LA MÉTAPHORE ET L'ÉPISTÉMOLOGIE : FONDATIONS THÉRORIQUES 16
Introduction 16
1.1. En quête de l’Autre 16
1.2. La SF comme pratique cartographique 18
1.3. Le « paradigme absent » de Marc Angenot 21
1.4. Encyclopédies et xénoencyclopédies : construction et compréhension des mondes possibles de la SF 23
1.5. Le processus cognitif de la création cartographique 26
1.6. Les métaphores et la construction « symbolique » des projections cartographiques 29
1.6.1. La métaphore épistémologique 31
1.7. La métaphore épistémologique comme outil d’exploration fictionnelle 35
1.7.1. Le Voyage : métaphore par excellence du cycle du Pont 37
1.8. Fonction épistémologique des métaphores projetées dans l’œuvre de Vonarburg 38
1.9. Mise en jeu de l’expérience fictionnelle : à la recherche de l’Autre 41
Conclusion 45
CHAPITRE 2 : LES MODÈLES DE LA SCIENCE ET DE LA SPIRITUALITÉ COMME PARADIGMES ÉPISTÉMOLOGIQUES 48
Introduction 48
2.1. L’interprétation de la science et de la mythologie comme métaphores 50
2.2. La science, fictionnalisée 51
2.2.1. La science comme système de codification 51
2.2.2. L’opération scientifique dans le cycle du Pont 52
2.2.3. Limitations de la représentation scientifique : la subjectivité des « observateurs partiels » 56
2.3. La représentation au-delà des frontières de la science 60
2.3.1. La mythologie, investiguée 60
2.3.2. Une nouvelle façon d’imaginer le Voyage 66
2.4. Le langage et la codification 69
2.4.1. Le langage comme mode représentatif 70
2.4.2. Le langage et le Voyage 75
2.4.3. Les limitations du langage et de la métaphore 77
2.4.4. Le langage et l’absence de signification 79
2.4.5. Subjectivité et partialité de l’apprentissage par le langage 83
2.5. Le problème de l’Autre 84
2.6. L’effondrement des fondations épistémologiques du récit 88
Conclusion : où situer les horizons de la représentation ? 90
CHAPITRE 3 : LES LIMITATIONS ÉPISTÉMOLOGIQUES ET L'ÉPUISEMENT DE L'IMAGINAIRE 93
Introduction 93
3.1. La multiplicité textuelle 94
3.2. Réduplication et simulation 97
3.3. Les virtualités textualisées 101
3.4. Virtualité, hyperréalité et simulation 106
3.4.1. L’intersubjectivité inhérente au récit hyperréel 108
3.4.2. Les virtualités actualisées 111
3.5. Intertextualité et métafiction 112
3.6. Cycle fermé ou cycle ouvert ? 116
3.6.1. Les rêves épuisés 117
3.6.2. L’épuisement de l’imaginaire ? 119
3.7. La virtualité et la subjectivité 120
3.7.1. « Terminus » : la fin du Voyage de Vonarburg 121
3.7.2. L’ouverture de la marelle 122
3.8. L’épuisement de l’imaginaire et l’Autre 124
3.8.1. Une possibilité pour un autre monde ? 125
3.9. Limitations du rapprochement au monde du lecteur 127
Conclusion 130
CONCLUSION 131
Bibliographie 145