Mémoire de maîtrise, Université du Québec à Trois-Rivières, 1997, 130 pages.
Résumé
Le court roman Héloïse d’Anne Hébert, paru en 1980, ayant peu suscité l’intérêt de la critique, il a intrigué l’auteure de ce mémoire pour l’apparente pauvreté même du style hébertien comme de celle de la trame narrative basée sur le réemploi du stéréotype du personnage du vampire féminin par l’une des plus grandes romancières québécoises. Il s’agissait visiblement en fait d’un roman-miroir où se reflètent de nombreux autres textes, ce alors que la vampire éponyme n’a ni reflet ni passé.
Les buts poursuivis dans ce mémoire étaient donc de réaffirmer, contre Todorov, que la psychanalyse n’avait pas mis fin à la littérature fantastique, d’envisager alors une possible postmodernité du genre et de démontrer que ce court roman présentait un miroir tendu au siècle finissant où tout est simulacre. Il s’agissait également d’illustrer qu’au-delà des idées reçues au sujet du genre, un récit fantastique pouvait avoir « le statut et la dignité d’un “objet de pensée”. » (Guy Scarpetta, L’Âge d’or du roman, Grasset, 1996)
La dimension ludique d’Héloïse est ce qui intrigue le plus de la part d’Anne Hébert : reposant sur une stratégie stéréotypale et de nombreux clichés, ce court roman mythifie le mythe du vampire en le transposant dans le métro parisien où errent de jeunes gens inquiétants. En fait, dans et par ce récit, la romancière semble vouloir déconstruire ce « mythe de l’ordre », mythe conformiste et rassurant posé ironiquement dès l’épigraphe :
Le monde est en ordre
Les morts dessous
Les vivants dessus
Silencieuse, Héloïse est la porte-parole d’un monde sans idéologie, où le langage même est simulacre. Elle montre, paradoxalement et à l’encontre de l’ordre et de la rationalité modernes, l’Utopie dans laquelle nous vivons depuis le début des années 80. Voilà la conclusion à laquelle on parvient après lecture de ce mémoire.
Table des matières
Dédicace II
Remerciements III
Table des matières IV
INTRODUCTION 1
CHAPITRE 1 – HÉLOÏSE : UN PERSONNAGE STÉRÉOTYPÉ
1. La notion de stéréoype 10
1.1 Stéréotype ? 11
1.2 Lire la stéréotypie 16
2. Du stéréotype à Héloïse : rétrospective 19
2.1 Archétypes, mythes, stéréotypes 19
2.2 Femmes fatales et vampires femelles 24
2.3 Fins de siècles : de la femme objet/cliché à la femme sujet/métaphore 31
CHAPITRE 2 – HÉLOÏSE : UN PALIMPSESTE
1. Déjà-lu dans Héloïse : aspects fantastiques de l'œuvre 36
1.1 Énoncé fantastique 37
1.2 Énonciation fantastique 40
2. Déjà-lu et autoreprésentation dans Héloïse : aspects postmodernes de l'œuvre 43
2.1 Énonciation postmoderne 44
2.2 Énoncé postmoderne 47
3. Au-delà du stéréotype fantastique : statuts, effets et fonctions de la stéréotypie dans Héloïse 61
3.1 Le « ludique » 62
3.2 Un « hyperstéréotype » fantastique 75
CHAPITRE 3 – HÉLOÏSE : UN MANIFESTE
1. Stéréotype et postmodernité 85
1.1 Une « Écriture stéréotypée ? » 87
1.2 Représentation fantastique et postmodernité 91
1.3 Une écriture déconstructive 97
2. « Héloïse » : une œuvre, un personnage simulacre(s) 100
2.1 Une écriture contre-mythique 100
2.2 Un manifeste non dogmatique 103
2.3 Un « récit-simulacre » 107
CONCLUSION 113
Bibliographie 123